Prix de l'alimentation : Emmanuel Macron interpellé sur les "profits opaques" des supermarchés et de leurs fournisseurs

par Hamza HIZZIR | Reportage TF1 Charles Diwo, Maxime Laurent, Bertrand Lachat
Publié le 29 novembre 2023 à 14h47

Source : JT 13h Semaine

Quatre associations de consommateurs adressent ce mercredi une lettre ouverte à Emmanuel Macron.
Les signataires y réclament au chef de l'État de "faire toute la lumière sur la construction des prix alimentaires".
Dans leur viseur : les "marges excessives" des industriels et des distributeurs.

À un mois de Noël, l’insécurité alimentaire continue de toucher plusieurs millions de Français, un tiers de nos compatriotes déclarant devoir régulièrement sauter un repas par manque d’argent. En parallèle, d’après le président de l’Autorité de la concurrence, Benoît Cœuré, "la marge de la grande distribution a augmenté sur certains rayons de première nécessité comme les pâtes, les fruits et légumes ou les produits laitiers". Quatre associations de consommateurs (Foodwatch, l’UFC-Que choisir, Familles rurales et la CLCV) tirent la sonnette d’alarme ce mercredi en écrivant une lettre ouverte à Emmanuel Macron pour lui demander de "faire toute la lumière sur la construction des prix alimentaires et mettre fin au plus vite aux marges excessives".

"Personne ne doit profiter de cette crise. (...) On va mettre en place – et je vais y veiller personnellement – un accord sur la modération des marges dans tout le secteur alimentaire", avait promis le chef de l'État, lors d’une interview sur TF1, le 24 septembre dernier. Selon les associations, citant les chiffres officiels de l’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques), les "profits opaques des industriels et des distributeurs" ont augmenté de 21% ces deux dernières années, pour atteindre une marge brute de 48 % au 2ᵉ trimestre de 2023, un "niveau historique".

Pourquoi "opaques" ?  Parce que "l’Observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires (OFPM) ne publie, à la demande expresse des industriels, que les marges moyennes réalisées par l’ensemble des acteurs et par grandes familles d’aliments, empêchant ainsi de connaître la marge réalisée sur un produit par chaque maillon de la chaîne jusqu’au distributeur", précisent les associations. Un manque de transparence qui, ajoutent-elles, "laisse craindre le pire", à savoir "des marges excessives en catimini sur les rayons les plus sains (les fruits et légumes, le bio…) pour compenser des rayons moins rentables". Les bénéfices du rayon fruits et légumes s’élevaient, en 2021, à 247 millions d’euros après impôts.

"Pour les personnes les plus précaires, c’est la double peine car plus les budgets sont serrés, plus la qualité nutritionnelle de l’alimentation est difficile et contrainte. Aujourd’hui, avec l’inflation, les produits les plus sains, dont les fruits et les légumes, deviennent de plus en plus inaccessibles pour des millions de personnes. C’est inadmissible", pointent les quatre organisations. Qui en appellent à une "transparence totale et immédiate sur les marges nettes par produits, réalisées tant par l’industrie agroalimentaire que par la grande distribution", ainsi qu’à "des mesures concrètes pour rendre impossibles les marges excessives sur les produits alimentaires essentiels".

Si les acteurs de l’industrie agroalimentaire sont honnêtes, qu’ils le prouvent !
Karine Jacquemart, directrice générale de Foodwatch France

Les prix en grandes surfaces ont augmenté de plus de 20% en deux ans. Dans le détail, l’OFPM note qu’entre 2021 et 2022 "la marge brute de la grande distribution a augmenté de 57% sur les pâtes alimentaires toutes gammes, de 12,7 % sur un panier saisonnier de légumes, de 1,2% sur un panier de fruits saisonniers, de 27.8 % sur le lait demi-écrémé UHT et de 1,4 % sur l’emmental toutes gammes". Dans une étude parue cet été, le Fonds monétaire international (FMI) estime pour sa part que "la hausse des bénéfices des entreprises représente près de la moitié de l’augmentation des prix en Europe au cours des deux dernières années".  De leur côté, les acteurs de l’agroalimentaire, sollicités par RMC, ont assuré n’avoir eu "aucun début d’échange sur le sujet avec l’exécutif". Et ont refusé de répondre aux questions de TF1 sur les hausses de prix.

"Si les acteurs de l’industrie agroalimentaire et de la distribution sont honnêtes, qu’ils le prouvent ! Notre demande ne devrait pas leur poser de problème. Qu’ils expliquent quelles marges ils prennent, et à quels coûts cela correspond", appuie, dans le reportagde de TF1 en tête de cet article, Karine Jacquemart, directrice générale de Foodwatch France, l’association à l’initiative de la lettre ouverte. Pour elle, c’est une certitude : si une telle transparence existait, les prix baisseraient automatiquement.


Hamza HIZZIR | Reportage TF1 Charles Diwo, Maxime Laurent, Bertrand Lachat

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